Laissant une large place à l’improvisation scénique, les solos parlent de mutations, de métamorphoses.
Sommes-nous prêts à traverser les changements propres à chacun ?
Quelles traces laissent-ils en nous ? Le corps lutte, accepte, se défend, se libère. Comment évolue-t-il ?
Le processus de mutation, le moment de rupture, qui marque un avant et un après, les phases de régression, d’évolution, sont les fondements de ce que je cherche à rendre visible dans chaque personnage créé.
Le costume joue un rôle constitutif et forge ainsi psychologie et dramaturgie.
Il définit le rapport au geste, l’énergie, l’attitude et le caractère du personnage, pour recevoir, accepter l’étrangeté et la particularité de ce qui va le caractériser.
Il s’agit de se défaire des codes classiques pour accéder à une écriture singulière, l’improvisation offrant une liaison constante à la figure incarnée.
La dimension cynégétique, notamment la construction du cadre, joue un rôle décisif dans la constitution des pièces et oriente les choix chorégraphiques, scénographiques et plastiques.
Une démultiplication du corps féminin sous la forme de nombreuses créatures se retrouve à la fois dans les performances, les cinquante silhouettes féminines sculptées dans l’argile, ainsi que dans les vingt photographies.
Un univers résolument poétique, graphique et minimaliste.
« Le corps est passeur. Il est un filtre au sens où il est tout en même temps.
Mémoire et oubli, matière et poussière. S’il est enveloppe, il est aussi chair.
S’il est pétri d’argile, il est aussi fait d’eau. S’il est vivant, il est aussi mortifère.
Le corps est tout et son contraire. Un et multiple. Individuel et collectif.
Porteur de toute une mythologie individuelle, il est également métaphore de la destinée humaine.
Objet de passage d’un état à l’autre, des figures sociales au vécu intérieur, de la relation au monde à la solitude existentielle, le corps se prête à toutes les mutations rituelles. »
Philippe Piguet